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La main, Palme D'or du soignant !


L’émergence des thérapies non médicamenteuses, dites « Hand Off », dans le but de promouvoir l’autogestion des douleurs par le patient, nous amène à repenser notre manière d'utiliser nos techniques manuelles.



Entre modèle Bio-Psycho-Social, éducation à la douleur, thérapies cognitives et comportementales, et expositions graduelles à l’effort, quelle place reste-t-il pour nos techniques manuelles ?



Palper et masser : est-ce perdre son temps ?


Beaucoup se pose cette question, soutenue par bon nombre d’études scientifiques. Or, si effectivement nous ne devons pas tomber dans le côté mystique ou empirique de l’acte de soigner par nos mains, nous nous devons de garder à l’esprit qu’il s’agit là, sinon d’instaurer une relation soignant-soigné privilégiée, de « dépasser le savoir faire pour le savoir être » (Blanchon 2014).


En effet, chaque professionnel de santé l’aura remarqué, nous pouvons tous avoir ponctuellement besoin de bénéficier d'un traitement. Auquel cas, et quelque soit le type de méthode employées, les thérapies manuelles seules auront un impact très limité dans la résolution de la pathologie, et aucune technique ne saurait « réparer un tissu » (Meakins 2014). En revanche, nous avons besoin d'être soigné, tout au long de notre vie. Et cela passe nécessairement par une relation soignant-soigné, basée sur nos sens : la vue, la parole, mais aussi le toucher.


Cette communication non-verbale qu’est le toucher thérapeutique revêt une importance psychologique et sociale variable, mais toujours primordiale, selon l’individu et le contexte dans lequel s’effectue le soin :


Côté patient, le toucher permet une (re-)prise de conscience d’un corps dont les contours deviennent incertains suite à une pathologies lourdes ou à des douleurs persistantes. Mais aussi d’être rassuré, dans un système médico-social où les prises en charge peuvent être source de stress, d’anxiété, de peur et de douleurs.


Côté thérapeute, et parce qu’il est impossible de toucher sans être touché soit même, il met en exergue les qualités humaines du soignant, et permet d’aborder la relation soignant-soigné dans des dimensions plus interactive, plus axée sur l’humain que sur la maladie. C’est-à-dire où l'on traite un individu qui souffre et non pas une lésion considérée comme unique source de douleurs.

Le toucher thérapeutique permet donc de créer une relation de soin très forte et, in fine, de soigner le patient au sens premier du terme.


En outre, cette philosophie du soin est de plus en plus étayée par des faits scientifiques. Par exemple, une revue systématique (Jack 2010) met en lumière le caractère péjoratif des douleurs dans l’adhérence des patients à effectuer des exercices de rééducation. Les auteurs préconisent ainsi d’effectuer des actions antalgiques simples, comme la thérapie manuelle, pour réduire les douleurs en amont de la mise en place d’une stratégie active de traitement. Ce principe étant par ailleurs soutenu par l’IASP.


Et au niveau neurologique ?


Toucher et douleurs ont ceci de commun qu’ils surviennent dans un contexte où les intrications sensorielles et cognitivo-émitionnelles sont complexes, et sujettes à une modulation par le système nerveux central. (Ellingsen 2015)


La force du toucher est donc son action sur les processus sensoriels, cognitifs et émotionnels. Un toucher ressenti comme étant agréable permettra d’inhiber la sensation de douleur. (Ellingsen 2015)


Que nous dit la science ?


Au niveau du diagnostic palpatoire, il apparaît qu’il est plutôt illusoire, voire « paréidolique », de penser détecter des micro-mouvements, une raideur localisée à un segment vertébral, ou d’autres diagnostics que celui qui consiste à mettre en évidence uniquement la présence ou l’absence de douleurs (Cleland 2012). Et reconnaissons que les choses sont plutôt bien faites puisqu’avec les effets contextuels et l’effet placebo, le toucher thérapeutique peut tout à fait se justifier dans la prise en charge de nos patients, afin de réduire les douleurs (Ellingsen 2015).


Sources :

Carine Blanchon. LE TOUCHER RELATIONNEL AU COEUR DES SOINS. Elsevier Masson. 08/2014. ISBN: 9782294747502.


Kirsten Jack, Sionnadh Mairi McLean Jennifer Klaber Moffett, Eric Gardiner. Barriers to treatment adherence in physiotherapy outpatient clinics: A systematic review. Manual Therapy 15 (2010) 220–228.


Ellingsen D-M, Leknes S, Løseth G, Wessberg J and Olausson H (2016) The Neurobiology Shaping AffectiveTouch: Expectation, Motivation, and Meaning in the Multisensory Context. Front. Psychol. 6:1986. doi: 10.3389/fpsyg.2015.01986


J. Cleland, M. Pillu, S. Koppenhaver, Examen clinique de l'appareil locomoteur : Tests, évaluations et niveaux de preuve. Elsevier Masson. 2nd Ed. 2012.


Adam Meakins. There is no skill in manual therapy…?. Juin 2014 (Blog TheSportPhysio)


Nijs J, Roussel N. Thinking beyond muscles and joints: therapists' and patients' attitudes and beliefs regarding chronic musculoskeletal pain are key to applying effective treatment.Man Ther. 2013 Apr;18(2):96-102.



Take Home Messages


Nos oreilles pour écouter et nos mains pour prendre soin. Existe-t-il de meilleurs outils pour des kinésithérapeutes ?



Le Saviez-Vous ?


Au même titre que les mots que nous utilisons, le toucher est un acte de communication très puissant dans la relation de soin.

Pour en faire un acte de soignant, il n’est jamais imposé au patient, et doit être le reflet de notre écoute, de notre disponibilité, de notre empathie et de notre bienveillance.



Source : Carine Blanchon. LE TOUCHER RELATIONNEL AU COEUR DES SOINS. Elsevier Masson. 08/2014. ISBN: 9782294747502.

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